« Une petite mélodie distrayante »
Les écouteurs visés dans ses oreilles, une chanson légère résonne dans sa tête. Les paroles, superficielles mais entêtantes, s'enchaînent dans son esprit. Elle est distraite, comme d'habitude. Elle pense à autre chose. Elle s'imagine qu'elle est dans un film. Et à ce moment, son héro favori surgit devant elle, lui tendant la main pour l'inviter à le suivre... Mais ça c'est dans son imagination. La réalité, elle est plus dure. Et plus proche du sol.
Sans crier gare, l'une des roues de sa valise s'est braquée, bloquant tout le chargement. Surprise par l'arrêt soudain, Kayla perd le contrôle, et s’écrase au sol. Comme les enfants dans la cour de récréation, elle a le faible réflexe de se rattraper avec ses mains. Mais l'allée est constituée de dalles rugueuses, et les aspérités ont raison de sa peau fragile.
Elle expire un souffle de douleur. C'est qu'elle n'est pas très courageuse. Les écouteurs tombent à terre, et sa petite bulle d'intimité éclate brutalement. Elle les ramasse fébrilement pour les remettre tout de suite à leur place, comme si elle était déjà en manque. Elle se relève tant bien que mal et observe les dégâts.
Ses mains sont écorchées, ses genoux saignent un peu. Des petites sensations de picotement naissent au contact de l'air. Elle grimace mais essaye de faire comme si de rien n'était. On ne sait jamais, des fois que quelqu'un soit en train de l'observer. Elle essaye de maintenir un minimum d'apparence. Il ne faudrait pas qu'elle fasse mauvaise impression pour son premier jour sur le campus.
La tête base, elle s'empare de la poignée de sa valise rebelle et entreprend de la tirer vers elle, avec toutes les autres boîtes qui sont fixées dessus à l'aide de sangles. Comme ça, on croirait qu'elle se rend à Poudlard. Ce qu'elle aurait aimé.
Elle sort un morceaux de papier froissé de sa poche et l'examine attentivement. Le numéro de sa chambre s'y trouve. C'est la numéro sept.
Elle lève les yeux de la feuille. L'endroit est calme. Mais... Elle ne sait pas où aller. Est-ce qu'il y a des escaliers à monter? Il y a tant de portes, comment savoir laquelle est la bonne?
« Putain, il devraient prévoir un comité d'accueil. Comment je vais faire? »
Elle se mord la lèvre, mais c'est trop tard. Elle a l'habitude de parler toute seule depuis pas mal d'années. Peut-être que les gens d'ici ne sont pas aussi tolérant quand dans son ancien lycée. Et si on la prenait pour une folle?
Rassemblant le peu de courage qu'elle possède, elle se dirige vers la porte qui lui fait face. Avec un peu de chance, c'est la bonne.
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